La place sur laquelle se trouve le restaurant est chargée d’histoire, et plus que l’on pourrait le croire.
Fonfonne ou Fanfonne Guillierme, de son vrai nom Antoinette Guillierme est une figure emblématique de la Camargue. Surnommée Fanfan dans son enfance par Tita, sa gouvernante, elle est devenue Fanfonne au fil du temps.
Née dans la bourgeoisie parisienne en 1895, elle rejoint le mas familial, le Mas de Praviel, situé à Aimargues en 1904. Déjà passionnée par le monde équestre, Fanfonne passe ses journées à la fenêtre du Mas à regarder passer les abrivades et les bandides. Cavalière aguerrie malgré son jeune âge, c’est à dos de sa jument qu’elle part assister à ses premières courses camarguaises dans les arènes de Lunel, déjà animée par l’amour de la Camargue et de ses traditions.
Deux ans après leur arrivée en Camargue, sa mère Alice, achète une doublenque (une vache de moins de deux ans destinée à la mise à mort), appelée Bichette, qui déclenchera la passion inéluctable de Fanfonne pour ce monde-là. Petit à petit, Fanfonne intègre les rangs des manades alentours et dès son adolescence, elle partage la vie rude et unique des gardians, elle traverse les champs la nuit pour être sûre d’être présente au petit matin pour le tri des taureaux.
En 1920, la manade Grand-Guillierme est créée, avec le but non pas de générer de grands cocardiers, mais plutôt d’assurer de nombreux abrivados. Entièrement dévouée à la protection et à l’amour de ses terres et des traditions qu’elles comportent, Fanfonne devient la première femme manadière de l’histoire. C’est en 1956, que la manade deviendra la « Manade Fanfonne Guillierme », et qui, loin de son but initial, sera à l’origine de grands cocardiers dont deux Biòu d’Or.
Pionnière dans la démocratisation du rôle des femmes camarguaises, les cavalières modernes lui doivent également la liberté de s’habiller de manière plus confortable pour monter et de s’émanciper de la traditionnelle jupe.
Amie de nombreux bourgeois et intellectuels tels que le marquis Folco de Baroncelli, Frédéric Mistral, Paul Vézian, ou encore Jean Hugo, son authenticité n’a échappé à personne. Paul Vézian lui dédie même un poème « La Reino di gardian ».
Fanfonne était une figure si emblématique de la Camargue et des femmes de la région qu’en 1975, elle est invitée à Paris à l’occasion de l’Année de la Femme pour être distinguée comme Ambassadrice de la Camargue. Cette Grande Dame de la Camargue, comme l’on a l’habitude de la nommer, a à la fois bousculé et défendu les traditions, à tel point que c’est grâce à elle si le cheval de Camargue est reconnu en tant que race pure par les Haras nationaux.
Selon son ami et biographe, Robert Faure, auteur de la « Saga Fanfonne », elle ne cessait de dire « je vais faire ce qui me plait » et l’histoire démontre que c’est bien ce qu’elle a fait. Des grands boulevards de la capitale aux mas de notre belle Camargue, Fanfonne a bousculé les codes d’un monde traditionnellement tenu par les hommes.
À cheval jusqu’à ses 93 ans, Fanfonne s’est éteinte le 22 janvier 1989. Depuis lors, son nom résonne dans toute la Camargue et l’héritage qu’elle a laissé derrière elle continue de façonner le monde camarguais.
Défenseur des traditions locales, Le Sixte est honoré d’être situé sur une place dont le nom résonne au passé, au présent et au futur (en tout cas, nous ferons tout pour) !
Comments (1)
Marion - 1 avril 2023
Cela donne envie de copier sa devise: je fais faire ce qui me plait.